dimanche 30 novembre 2014

Jour 7 : du contrôle social sur les corps

Parmi les raisons qui m'ont conduite à prendre du poids, paradoxalement, il y a le premier régime auquel je me suis astreinte à l'adolescence. Je devais avoir environ 13-14 ans, j'étais en 3e. Mes parents en étaient à leur énième régime : du plus loin que je me souvienne, je les ai toujours connus oscillant entre phases de régime et phases de lâcher-prise. Celui-ci était particulièrement "facile" à suivre (et donc particulièrement pernicieux), puisqu'il consistait essentiellement en plats cuisinés du commerce et en apports protéinés achetés en pharmacie.

Là où cette démarche a été une véritable hérésie, c'est qu'à l'époque je pesais moins de 60 kg pour 1,68 m, soit un IMC tout-à-fait normal (ma taille m'amène à pouvoir varier de 55 à 70 kg sans sortir de la norme médicale). Par ailleurs, j'étais plutôt sportive, pratiquant très régulièrement l'équitation et le patin à glace ou la piscine (selon la saison). Je n'avais donc aucune raison valable de vouloir perdre du poids.

Aucune, si ce n'est que depuis le CM1, époque où mon corps prépubère a commencé sa progressive transformation de l'enfance vers l'âge adulte, j'ai toujours été "grosse" dans le regard de ma mère. Cela se traduisait à deux moments précis : lorsque nous allions acheter des vêtements ("Non, ce n'est pas pour toi. Tu es trop ronde, ça ne va pas être joli") et lorsque nous étions à table ("Arrête avec le pain, tu vas grossir"). Ce que j'en ai retenu, ce que j'entendais à l'époque, ce n'est peut-être pas ce qu'elle pensait réellement, mais c'est néanmoins ce qu'elle m'a transmis. Et c'est bien là où le bât blesse, si on dépasse mon cas particulier et qu'on se projette d'un point de vue général.

Le fond du problème, c'est l'assignation à un modèle unique, celui de l'extrême maigreur des cover girls. La Femme, celle qui est validée et reconnue comme modèle, c'est celle qui peut entrer dans un 36 avec son quasi mètre quatre-vingts, qui peut se permettre des décolletés vertigineux et des robes fourreaux parce que son corps met en valeur à peu près n'importe quel vêtement et non l'inverse. Face à cet absolu quasi impossible à atteindre, on n'accepte plus qu'un vêtement soit là pour mettre en valeur la silhouette de celle qui le porte. Et que cette silhouette puisse être belle, même avec quelques rondeurs. Une mince non filiforme peut porter une robe fourreau, n'en déplaise aux apôtres de la mode. Elle le peut, et si elle trouve ça confortable et qu'elle se voit jolie dedans, alors même, elle le DOIT. C'est que ce vêtement est fait pour elle. La preuve ? Marilyn ne s'en privait pas, et elle était tout sauf filiforme... Admirez plutôt ce petit bedon, cette légère culotte de cheval, et cette chute rein callipyge... Qui oserait prétendre qu'elle était moins belle que n'importe laquelle de nos icônes modernes, malgré son IMC de fille normale (entre 22 et 23 selon les périodes) ?

Photo tirée du blog Marilyn pour toujours : http://marilyn-pour-toujours.over-blog.com

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