jeudi 14 juillet 2016

1 semaine après...

Nous y sommes : la chrysalide est en cours, dans 12 à 18 mois, le papillon se sera envolé !

Je suis donc entrée à l'hôpital mercredi dernier, le 6 juillet, pour une opération le 7 au matin. Durant l'après-midi, à plusieurs reprises, la question de savoir si je n'étais pas en train de faire une énorme erreur m'a traversé l'esprit. Étrangement, je ne me sentais ni angoissée, ni stressée, mais cette question revenait comme la tâche de fond d'un ordinateur. Dîner léger, anxiolytique léger, deux douches à la bétadine et une assez bonne nuit de sommeil plus tard, me voilà donc pourvue de ma chemise de bloc et expédiée à l'étage des opérations. A 10h30, début des grandes manoeuvres : j'ai détesté l'anesthésiant (j'ai bien cru que j'allais perdre ma main tellement c'était douloureux), mais pour le reste, je ne saurais dire, je me suis réveillée vers 15h et retournée en chambre à 15h30.

Les premières 24h ont été un peu vaseuses. J'ai beaucoup dormi. Après l'immonde examen du TOGD, durant lequel on vous fait boire, à jeun depuis 30h, un liquide de contraste au goût puissant d'anis et à l'arrière-goût de bile (un plaisir inimitable !!!), j'ai enfin pu commencer à me réalimenter au déjeuner le 8. Un peu de bouillon, puis un peu de yaourt, etc. Au petit-déjeuner suivant, les biscottes sont très bien passées. Comme tout allait bien, que je marchais et que tout ce qui pouvait l'être était rentré dans l'ordre, j'ai pu sortir le samedi après-midi, avec 24h d'avance sur ce qui était prévu.

Première soirée, première sortie : nous étions invités chez des amis et mon compagnon avait prévu d'y aller seul avec les enfants, mais finalement, j'ai fait ma guest star. Une délicieuse soirée hawaïenne, pleine de gaieté et de chaleur humaine. C'est à cette occasion que j'ai pris conscience que j'allais vraiment pouvoir manger ce qui me faisait envie et y trouver un plaisir bien plus intense qu'avant, malgré des quantités infinitésimales : le rougail saucisse était un délice, bien que je n'en ai mangé qu'une cuillère à café de riz et 1 rondelle de saucisse ! Évidemment, j'étais trop fatiguée pour danser ou faire vraiment la fête, mais le simple fait d'être là, parmi ces gens heureux, de profiter de la présence de tous, a suffi à mon bonheur...

Depuis, mes journées sont émaillées de petites prises alimentaires (5 à 7 par jour pour le moment), qui me permettent de manger de tout et avec un plaisir décuplé : aucune classe alimentaire n'est évincée, les fruits, les légumes, les protéines, les féculents, les lipides et même un peu de glucides rapides sous forme de glaces (une mini glace tous les deux jours, pour le moment), tout passe sans problème. La seule chose que j'ai testé et qui va attendre, c'est le pain toasté : pour le moment, la biscotte passe mieux.

Je marche dès que j'en ai l'occasion, me repose dès que j'en ai besoin, et vis à un rythme paisible. Je reste bien sûr facilement fatigable, mais pour des suites opératoires aussi récentes, je trouve que je m'en tire plutôt bien ! Le mois d'arrêt et mes trois semaines de vacances dans la foulée devraient me permettre de retrouver un rythme de vie quasi-normal et donc de pouvoir reprendre le travail sans souci à la fin août.

Et les résultats sur la balance sont impressionnants : en 7 jours, j'ai perdu 5,7 kg, sans faim, sans souffrance et sans difficulté majeure... Quand on nous dit que c'est que du bonheur, je ne peux qu'approuver, pour le moment. Même si je reste consciente que les difficultés peuvent arriver plus tard...

jeudi 12 mai 2016

6 mois plus tard

Voilà, c'est fait, les 6 mois de parcours pré-opératoire sont passés. J'ai vu lundi l'endocrinologue qui m'a confirmé que mon dossier passerait à la prochaine commission, quelque part d'ici la fin du mois.

6 mois de parcours, c'est quoi ?

Déjà, ce sont trois journées d'hospitalisation intenses, avec une foule d'examens pour vérifier les constantes, les taux d'hormones, vitamines et autres machins divers et variés, le foie, la capacité respiratoire... Puis, dans les mois qui suivent, le cœur, les dents, la gynécologie (pour les dames), et approfondir les informations collectées pendant les trois jours. Bref, un check up complet du bestiau. Mais aussi, durant les trois jours, les premiers éléments de nutrition qui doivent nous permettre de changer durablement notre comportement alimentaire. Et un premier entretien avec la psy, sur notre histoire de poids, qui est bien sûre en étroite corrélation avec notre histoire de vie...

Ensuite, ce sont des réunions en petit groupe, deux avec la psy et deux avec la diététicienne. La première a pour objectif de nous apprendre à lâcher prise sur le regard des autres, à renouer avec notre image corporelle, à retrouver une certaine estime de soi. Ce travail, le cas échéant, peut nécessiter des entretiens individuels pour aider à débloquer certaines situations, certains réflexes, à nous déconditionner, d'une certaine façon. Mais surtout à mieux nous prémunir contre les agressions extérieures. La seconde nous amène au fil des 3 jours puis des 6 mois, à manger plus lentement, à mieux écouter notre corps et à déculpabiliser. Le secret, ce n'est pas de manger ceci ou d'éviter cela, mais d'écouter ce que nous dit notre corps, ses envies, qui traduisent ses besoins, et de le nourrir de la façon qu'il nous demande, quand il le demande, et dans la quantité qu'il demande.

Le travail psy peut être très déstabilisant. Dans mon cas il a été extraordinairement libérateur et m'a permis de dépasser enfin ce sur quoi je butais depuis des années. Tout n'est pas terminé, bien sûr, mais le premier pas est fait, et je n'ai aucune intention de revenir en arrière !

L'approche diététique a sans doute été plus déroutante pour moi, même si tout aussi enthousiasmante. Après 40 ans à me faire marteler des préceptes gourouisants sur la façon dont je devrais manger, pour la première fois, on me dit de me faire confiance, que mon corps sait ce dont il a besoin à tel ou tel moment, et qu'il est le mieux à même de décider. Et vous savez quoi ? Ça marche. Au début, j'ai perdu un peu de poids, même si des petits soucis médicaux m'ont tout fait reprendre. Mais je ne suis pas inquiète : la base est là, bien ancrée, et plus que satisfaisante, et le poids repris est à nouveau en train de redescendre.

Le dernier point, et non des moindres, c'est la remise en activité. Et ce point-là m'a fait prendre conscience de ce que je ne voyais pas : toutes les stratégies de contournement que j'avais mises en place pour éviter les situations délicates (essoufflement, fatigue musculaire, lenteur, gêne aux mouvements...). En fait, j'ai vraiment pris conscience à quelle point j'étais grosse et à quel point c'était problématique pendant cette période. Paradoxalement, alors que j'ai une image de moi-même mieux intériorisée, j'ai aussi développé un regard un peu plus dur sur mon corps. Je ne dirai pas moins bienveillant : je me rends compte que ce n'était pas de la bienveillance, mais une forme de déni, que je vivais auparavant. Du coup, je suis encore plus motivée s'il en était besoin pour perdre cette fichue gangue de graisse et retrouver de la mobilité et de la vitalité.

Que dire de ces 6 mois ? Ils ont été porteurs d'un immense bouleversement de mon approche de moi-même et des autres, de changements profonds dans mes habitudes. Ils ont vu la mise en place de petits rituels. Un retour à un soin de ma peau et de mes cheveux, que j'avais un peu mis entre parenthèses, ces dernières années. Quelques photos, prises par-ci par-là, pour m'aider à me visualiser, et parfois plus positivement qu'avant. Une meilleure conscience de moi-même, de mes besoins, de mes envies et, surtout, de ma légitimité à poser des limites, à énoncer ces besoins et ces envies, et à les satisfaire dans la mesure du possible. D'une certaine façon, ces 6 mois m'ont permis de grandir.

Ne reste plus qu'à attendre, maintenant, que la commission soit passée et que le secrétariat me contacte pour fixer mon RV avec le chirurgien. Normalement, dans le mois qui suivra, je ferai partie de la famille de plus en plus grande des troués du bidon...